dimanche 15 avril 2012

Les phtalates réduisent à la fertilité des hommes


Shampoings, jouets en plastiques Les phtalates sont partout dans notre quotidien. Une étude confirme que cette substance chimique diminue la production de testostérone chez les humains.


Des chercheurs avaient déjà constaté l'effet néfaste des phtalates (contenus dans certaines matières plastiques) sur la fertilité des rongeurs et chez les fœtus humains. Mais pour la première fois, une étude parue dans la revue britannique Human reproduction vient de confirmer que ces produits chimiques inhibent la production de testostérone sécrétée par les testicules de l'homme adulte.

Une baisse de 30% de la production de testostérone


Contenus dans une grande partie des objets en PVC souples (ballons, tuyaux d'arrosage…), les phtalates sont aussi présents dans des emballages alimentaires (produits laitiers) et dans des cosmétiques. Ayant déjà constaté les effets néfastes de cette substance sur les souris et dans un contexte de baisse de la fertilité, les chercheurs se sont penchés sur le cas de l'homme.

Trois équipes françaises (Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail à Rennes, Institut national de la recherche agronomique à Toulouse, Laboratoire d'étude des résidus de contaminants dans les aliments à Nantes), ont contribué à ce travail de recherche. Elles ont travaillé sur deux types d'échantillons: d'une part des prélèvements sur des testicules de sujets atteints d'un cancer de la prostate, d'autre part, des cellules produisant une hormone se rapprochant de la testostérone. Après exposition de ces cellules à deux sortes de phtalates (DEHP et MEHP), la production de testostérone a chuté de 30% par rapport à celle des testicules non exposés.

Comme la testostérone stimule la production de spermatozoïdes, les phtalates ont pour conséquence de diminuer le taux de fertilité des hommes. Elles pourraient aussi avoir d'autres effets sur la santé en perturbant la libido et la puberté des hommes, qui inhaleraient, ingéreraient ou auraient un contact cutané avec ces produits chimiques. Un fœtus peut également être contaminé in utero, c'est-à-dire dans l'utérus de sa mère, selon des études précédentes.

Prendre de bonnes habitudes


Pour Jean-François Narbonne, professeur de toxicologie à l'université de Bordeaux et expert à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), «ces résultats n'ont rien d'étonnant, on le savait déjà depuis 25 ans», mais faut-il pour autant s'inquiéter? «Les produits contenant des phtalates ne sont pas à proscrire mais il faut savoir les manipuler dans de bonnes conditions pour limiter son exposition».
Au quotidien, les phtalates nous entourent, qu'ils soient dans les cosmétiques, dans les poches de sang et les tubes à l'hôpital ou encore dans la peinture. «Les risques toxiques sont élevés quand on inhale ou on ingère des phtalates», souligne l'expert en toxicologie. «Je conseille aux femmes d'acheter des produits de beauté naturels et de regarder la composition de leur crème et de leur shampooing, préconise le professeur. Si vous avez envie de repeindre une pièce, munissez-vous d'un masque avec filtre pour vous protéger des vapeurs que vous risquez d'inhaler», ajoute-t-il.

Les phtalates contenus dans les boîtes en plastique et les films conservateurs peuvent facilement contaminer les aliments. «Si vous voulez réchauffer un plat cuisiné au micro-onde, versez le contenu dans une assiette pour éviter que les phtalates pénètrent la nourriture», recommande encore le Pr Narbonne.

Caroline Piquet

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